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marquée à l’effigie des grands cétacés des mers boréales. Les Tongouzes sont guidés dans leurs migrations par les rennes[1]. Les chants védiques témoigneront, éternellement de l’importance suprême qu’au seuil de l’histoire écrite du genre humain, les Aryas du Pandjab attachaient à la possession de leurs vaches ; les Todas disent encore : « Une peuplade sans troupeaux ne saurait connaître les dieux ». La densité prodigieuse de la population de certaines parties de la Chine, de l’Inde, du Japon, dépend essentiellement de la récolte du riz. Mainte tribu de l’océanien doit son existence et sa civilisation relative à la croissance spontanée de telle ou telle plante. La vigne, le mûrier, l’olivier ont leur place marquée dans les annales de l’humanité ; les épices et les essences précieuses ont amené les Européens dans l’archipel Malais. L’opium joue un rôle plus important — peu glorieux, il est vrai — dans l’histoire politique de l’Angleterre et de la Chine, que dans les traités de botanique et de pharmacie.

Les considérations anthropologiques et ethnographiques, l’étude des races humaines, de leur provenance, de leur distribution géographique et de leurs migrations, entrent, à leur tour, de plein droit, dans le domaine de la géographie comparée. Ici, dès le début, nous nous trouvons en face d’un fait qui, à première vue, pourrait sembler paradoxal : l’aire d’extension géographique d’une espèce végétale ou

  1. Élie Reclus, les Primitifs.