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du Tibre, mais la grandeur de la cité éternelle n’en subit point d’atteinte, et les césars creusèrent des havres au nord et au sud du nouvel estuaire.

Des changements physiques bien plus considérables ont été constatés dans les pays historiques situés à l’orient de la Méditerranée. On croit, d’après certains indices, que le sol de l’Arabie Pétrée était autrefois moins aride, moins rebelle et toute culture. Plusieurs de ses ouadi, maintenant des fleuves sans eau, notamment les gorges entre l’Ouadi-Feiran et l’Ouadi-ech-Cheïkh[1], sont couverts d’acacias et de tamaris, montrant que, depuis nombre d’années, le flot de la saison des crues atteint à peine deux mètres de hauteur, et, cependant, leurs falaises bordières portent des traces non douteuses d’érosion à une époque dont les traditions locales n’ont pas conservé le souvenir ; il devait donc dépasser quinze mètres. Puisque ni cette contrée, ni la presqu’île de Sinaï, sa voisine, ne furent jamais revêtues de forêts, du moins sur une vaste étendue, on ne saurait attribuer à la destruction des bois le desséchement manifeste de leurs rivières. Ce changement cosmique, si important, n’est pas limité, d’ailleurs, à la péninsule Arabique. Il y a déjà quelques années, M. Renan, pour expliquer la décadence de la Palestine, eut recours à l’hypothèse que le climat est devenu plus torride depuis le temps de Jésus et de Ponce-Pilate. M. Élisée Reclus a repris cette inté-

  1. G. Marsh, Man and Nature, or Physical Géography as modified by human action.