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À STAMBOUL

ouvre le sachet, et le Rouhi Koulyan t’assistera, si loin que tu puisses être de lui. »

Ces mots mystérieux ne me préoccupèrent pas longtemps ; les Orientaux aiment les énigmes. Depuis lors je portais l’amulette au cou sans y prendre garde. Ce jour-là, le désœuvrement fit que je m’amusai à ouvrir mon petit sachet : que pouvait-il contenir ? en quoi son contenu me serait-il utile ? j’étais curieux de le savoir.

Je déliai donc l’amulette, j’en déchirai l’enveloppe… Sous l’étoffe je trouvai un morceau de parchemin, je le dépliai : il enveloppait deux bank-notes anglaises.

Il est à présumer qu’en cet instant ma figure exprima tout autre chose que la contrariété.

Oui, la bonne vieille avait raison : elle savait me venir en aide, même de loin.

Mais comment cette femme d’Orient s’était-elle procuré ces précieux papiers anglais ?

Pourquoi me creuser la tête là —dessus ? N’y a-t-il pas un peu partout des banques de la vieille Albion ? Ce qui me semblait clair, c’est que Marah Dourimée devait être très riche ou très généreuse, et qu’elle s’était montrée pour moi pleine d’une maternelle sollicitude. J’aurais voulu pouvoir retourner à Lizan, afin de la remercier dignement.

Son présent allait me permettre de faire face à bien des nécessités. La perte de Lindsay me privait d’un riche caissier, et bien souvent déjà je m’étais rappelé sa manière de dire :

« Je paye bien, well !  »

Pour un pauvre diable comme moi, la disparition d’un tel compagnon était une épreuve doublement pénible ;