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UNE VISITE
au
PAYS DU DIABLE


I


J’étais à Mossoul, où j’attendais une audience du pacha turc, j’accompagnais le cheikh d’un tribu nomade, le vieux Mohammed Émin, que le hasard m’avait fait rencontrer, et qui voulait arriver, soit par la ruse, soit par la violence, à délivrer son fils, Âmad el Ghandour, prisonnier des Turcs dans la forteresse d’Amadiah ; cette entreprise demandait du temps et offrait de nombreuses difficultés.

Le brave cheikh des Haddedîn eût bien préféré attaquer, avec les guerriers de sa race, levés en masse, les possessions turques et donner l’assaut à la forteresse ; mais il se présentait cent raisons pour une de rejeter un plan aussi chimérique.

Un homme seul avait, dans les circonstances données, plus de chances de réussir que toute une horde de Bédouins armés en guerre, et le cheikh, heureusement, s’était rendu à mes représentations. La délivrance de son fils dépendait maintenant de l’intelligence et de l’activité de trois alliés, pour ne pas dire conjurés ; ces trois hommes étaient Mohammed, Halef et vetre serviteur.

Avant d’en arriver à simplifier ainsi les choses, il m’avait fallu longuement parlementer et débattre, non seulement avec les Arabes, mais avec un autre de mes compagnons, sir Lindsay. Ce dernier s’était enfin résigné, comprenant que son ignorance de la langue arabe pourrait nous compromettre tous ; il se décidait à rester chez les Haddedîn jusqu’à mon retour. Un Grec, Alexandre