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sur les bords du nil

— Avait-elle quelque objet sur elle qui pût la faire reconnaître ?

— Effendi, de quel objet parles-tu ?

— D’une parure, d’un bijou, d’un anneau, d’une chaîne, que sais-je ?

— Un anneau... ah ! oui, un anneau ! je lui en ai donné un, dont le cercle d’or est fin comme un cheveu, mais qui a pour chaton une belle perle.

— Je l’ai vu.

— Où donc, Effendi ?

— Tout près d’ici, à une heure de chemin à peine. »

Le jeune homme s’agenouilla devant moi, il mit mes deux mains sur ses épaules.

« Est-ce vrai ? demanda-t-il. Ne me trompes-tu pas ?

— C’est vrai !

— Viens, alors, conduis-moi !

— Cela ne se peut.

— Je te donnerai mille piastres…, deux mille, trois mille, si tu veux !

— M’en donnerais-tu cent mille, je ne pourrais t’y conduire aujourd’hui.

— Eh bien ! demain, demain dès le matin ?

— Prends ta pipe, allume-la, assieds-toi, causons : qui conclut trop vite une affaire perd son temps.

— Efféndi, je ne puis attendre ; mon âme tremble !

— Allons, calme-toi, écoute ! »

Il s’assit, alluma sa pipe d’une main mal assurée, et je commençai mon récit :

« J’ai été appelé dans la journée chez un riche Égyptien pour soigner sa femme malade. Il se nomme Abrahim Mamour : il habite un vieux château ruiné au delà du Nil.

— Ah ! un bâtiment entouré de murs, n’est-ce pas ? Qui l’eût supposé ? J’ai visité tous les villages, toutes les habitations des environs ; cette demeure je la croyais abandonnée… Et peut-être…

Enfin, cette femme, tu l’as vue ? Est-ce bien à lui ?

— Je ne le crois pas.

— Elle est malade ?

— Oui, très malade !

— Oh ! il me payera le mal qu’il lui a fait !