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sur les bords du nil

« Veux-tu me prouver ton amitié ? reprit celui-ci.

— Que faut-il faire pour cela ?

— Raconte à cet homme ce que tu viens de me raconter. »

Isla nous regarda tous deux avec surprise et méfiance.

« Hassan el Reïsan, s’écria-t-il, tu viens de me promettre le silence et tu as déjà parlé !

— Demande à mon ami si je lui ai dit une syllabe de ce que tu m’as confié ?

— Alors pourquoi me l’amener et m’obliger à lui raconter moi-même mon secret ?

— Ne m’as-tu pas recommandé d’avoir l’oreille aux aguets, de m’informer en tout lieu de l’objet de tes recherches, d’ouvrir les yeux pour tâcher de le découvrir ? J’ai ouvert les yeux et les oreilles, et je t’amène cet homme, qui pourra peut-être te donner des renseignements. »

Le jeune homme fit un mouvement de joie, jeta sa pipe et s’avança vers moi.

« Est-il possible ! murmura-t-il ; tu saurais quelque chose ?

— Mon ami Hassan ne m’a mis au courant de rien. Je ne comprends pas de quoi il s’agit, explique-toi.

— Effendi, si tu pouvais me répondre et m’aider, je te récompenserais aussi richement qu’un pacha !

— Je ne demande point de récompense. Parle !

— Je cherche une jeune fille du nom de Sénitza.

— Je connais cette femme ; elle-même m’a dit son nom…

— Où l’as-tu vue, Effendi ? où ? Oh ! parle donc !

— Pourrais-tu d’abord me décrire la jeune fille ?

— Oh ! elle est belle comme la rose, charmante comme le premier rayon de l’aurore, parfumée comme la fleur du réséda. Sa voix ressemble au chant des houris. Ses cheveux sont brillants comme la queue du cheval Gilza ? son pied gracieux comme celui de Dalila, qui trahit Samson ; sa bouche ne prononce que des paroles de bonté ; ses yeux… »

Je l’interrompis en lui faisant signe dé la main.

« Isla ben Mafleï, lui dis-je, ce ne sont point là les descriptions que je te demande ; ne me réponds pas avec la langue d’un fiancé, mais avec les paroles de la raison ; depuis quand l’as-tu perdue, d’abord ?

— Depuis deux lunes.