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sur les bords du nil

Nous retournâmes au selamlik, et j’envoyai chercher Halef, qui parut bientôt avec ma pharmacie. Je remis à Abrahim le médicament qui me parut utile, à dose voulue, puis je me disposai à partir.

« Quand reviendras-tu ? me demanda mon hôte.

— Demain, à la même heure.

— Je t’enverrai ma barque. Combien te dois-je pour aujourd’hui ?

— Rien ; si la malade guérit tu me donneras ce qu’il te plaira. »

Abrahim mit cependant la main à sa poche, en tira une bourse, dans laquelle il prit quelques pièces d’or qu’il tendit à Halef.

« Tiens, dit-il, prends cela, toi ! »

Le brave Halef Agha accepta la chose d’un air superbe, comme s’il eût fait beaucoup d’honneur à l’Égyptien ; il ne daigna pas même regarder les bakhchich en les glissant dans son gousset.

« Abrahim Mamour, dit-il, ta main est ouverte et la mienne aussi ; je ne la fermerai pas devant toi, car le Prophète a déclaré qu’une main ouverte est le premier degré qui conduit dans le séjour des élus. Allah t’accompagne et moi aussi ! »

Nous partîmes ; l’Égyptien nous conduisit jusqu’au jardin, où les domestiques vinrent à notre rencontre.

Dès que nous fûmes seuls, Halef se mit à compter son or en s’écriant :

« Trois pièces, Effendi ! Que le Prophète bénisse Abrahim Mamour et laisse sa femme longtemps malade !

— Hadj Halef Omar !

— Sidi, ne puis-je me réjouir en comptant ma monnaie ?

— La santé vaut mieux que l’or, Halef !

— Pendant combien de jours dois-tu la visiter, Sidi ?

— Quatre à cinq jours, je pense.

— Trois pièces chaque fois, cela fait quinze. Si elle guérit, il m’en donnera peut-être encore quinze, cela fera trente. Je m’informerai s’il y a beaucoup de femmes riches qui soient malades sur les bords du Nil ! »

Cependant nos rameurs nous reconduisaient rapidement, car nous descendions le courant. En une demi-heure nous étions de retour.