Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/363

Cette page n’a pas encore été corrigée
361
une bataille au désert

« Que contiennent ces trois tachterouan ? me demanda Mohammed.

— Trois hommes que le cheikh Zédar ben Houli avait voulu faire périr dans les tortures. Je te raconterai cela. Où sont les cheikh prisonniers ?

— Ici, dans la tente ; mais les voilà qui viennent à nous. »

Le cheikh des Abou Hammed, le regard étincelant, s’approchait de moi en effet ; il aperçut de loin le butin que nous avions ramené, et me dit d’un ton plein de colère :

« As-tu pris plus que tu ne devais ?

— Les conventions ont été exécutées, cheikh, répondis-je froidement.

— Je veux faire compter le bétail devant moi.

— Tu le peux ; cependant je dois t’avouer tout de suite que j’ai pris quelque chose dont nous n’avions point parlé.

— Quoi donc ?

— Veux-tu le voir ?

— Oui, certes.

— Viens ! »

Il appela son fils aîné ; les autres cheikh nous suivirent. Je me rendis, ainsi entouré, à l’endroit où Halef faisait décharger les trois chameaux qui portaient les malades.

« Connais-tu ces hommes ? demandai-je à Zébar.

— Les Yézidis ! s’écria-t-il stupéfait.

— Oui, ceux que tu as fait lentement torturer, ceux qui, par tes ordres, devaient périr d’une mort affreuse, comme tant d’autres de tes victimes, monstre que tu es ! »

Il me regarda d’un air farouche.

« Qu’a-t-il fait ? demanda Esla el Mahem.

— Ce qu’il a fait va vous épouvanter tous ! » repris-je indigné ; et je racontai sommairement les horreurs dont j’avais été témoin. Je parlais encore, lorsque Lindsay, resté un peu en arrière, parut à cheval avec ses domestiques ; le second fils de Zédar était attaché à sa selle. A cette vue le cheikh des Abou Hamed se tourna vers moi, dans le paroxysme de la rage, en criant :

« Allah akbar ! qu’est ceci ? Mon second fils prisonnier !

— Comme tu le vois !

— Et pourquoi ?

— Il a été l’instrument et le complice de tes crimes. Il a gardé