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une bataille au désert

— Quoi donc ? parlez !

— Les truffes ! »

J’éclatai de rire malgré moi.

« O sir, vous avez raison, m’écriai-je ; la chose est déplorable ! Mais consolez-vous cependant, on a trouvé dans une tente un grand sac de truffes que j’ai fait emporter.

— Ah ! oh ! alors, au retour…

— Oui, soyez tranquille, vous aurez des truffes demain plus que vous n’en pourrez manger.

— Parfait ! bonne nuit, sir ! »

Le lendemain, en m’éveillant, mon premier soin fut d’aller visiter mes trois malades ; on les avait laissés dans les corbeilles qui leur servaient de selle, et ils étaient rapprochés l’un de l’autre, de manière à pouvoir communiquer facilement. Je trouvai leur état aussi satisfaisant que possible ; leur visage désenflait et reprenait forme humaine ; ils parlaient presque sans difficulté, employant un arabe fort pur, au lieu du langage inintelligible qu’ils avaient fait entendre la veille, dans leur épuisement.

Dès que je m’approchai, l’un d’eux se souleva ; il tendit les mains vers moi, me disant avec un accent de gratitude qui me toucha :

« Ah ! c’est toi ! c’est toi ! je te reconnais.

— Qui suis-je, mon ami ? demandai-je avec un sourire.

— Tu es celui qui m’est apparu, quand la mort étendait sa main pour étouffer mon cœur. Emir Kara ben Nemsi, je te remercie !

— Comment sais-tu mon nom ?

— Je le sais, car le bon hadji Halef Omar nous a beaucoup parlé de toi.

— A votre tour, si vous êtes assez fort pour me répondre, dites-moi qui vous êtes ?

— Je m’appelle Pali, celui-ci Selek, et cet autre Melaf.

— Quelle est votre patrie ?

— Notre patrie se nomme Baadri ; elle est située au nord de Mossoul.

— Comment vous trouviez-vous chez les Abou Hamed ?

— Notre cheikh nous avait envoyés à Bagdad, pour porter une lettre et des présents au gouverneur.