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une bataille au désert

— Tu sais, Sidi, que j’exécute toujours ce que tu me commandes ; mais je ne puis faire tout cela seul.

— Tu trouveras, à la place indiquée, les trois Anglais avec deux guerriers Haddedîn ; ils t’aideront. Pour le moment rends-moi mon cheval ; je vais parcourir le campement. »

Une heure après tout était disposé. Les Haddedîn, fort occupés à l’arrangement de leurs troupeaux, prenaient peu garde aux faits et gestes de mon Halef, malgré l’importance qu’il s’attribuait à l’occasion. Les trois malheureux avaient pu être chargés sur les chameaux et cachés sous les couvertures, La longue caravane se disposa à partir sans autre incident, les troupeaux au milieu de nos guerriers ; avant de m’éloigner, je cherchai des yeux le jeune homme qui m’avait reçu à coups de lance le matin même. Je le découvris parmi ses camarades, m’avançai vers lui, et, appelant du geste Lindsay, je dis à celui-ci :

« Sir, avez-vous des cordes avec vous ?

— Bah ! s’il vous en faut, en voilà ! » s’écria l’Anglais.

Il se dirigea vers le groupe de chevaux que nous laissions à la tribu, et qui étaient attachés aux tentes par de longues cordes en écorces de palmier ; il coupa plusieurs de ces liens, puis me les présenta triomphant.

« Eh bien, sir, repris-je, voyez-vous ce jeune drôle là-bas, avec sa figure brune et sournoise ?

— Oui, certes, je le vois.

— Sir David Lindsay, je vous l’abandonne ; c’est un de ceux qui faisaient la garde près des malheureux enterrés vifs, un de ceux qui ont contribué sans doute à leur supplice ; il faut l’emmener. Liez-lui, s’il vous plaît, les mains derrière le dos ; attachez-le à votre selle ou à vos étriers ; il apprendra un peu à courir.

— Yes, sir ; bonne idée !

— Je vous le confie, sir Lindsay.

— Oui, oui, soyez en repos. »

L’Anglais s’avança tranquillement vers le jeune homme, lui mit la main sur l’épaule en faisant signe à ses deux domestiques.

« I have the honour, Mylord ! » dit-il d’un air grave, tandis que Bill et son compagnon se saisissaient de l’Abou Hamed et le garrottaient malgré ses cris.