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une bataille au désert


monnaie venait de la somme que j’avais trouvée dans la selle d’Abou Seïf ; son chameau avait dû être vendu à Bagdad ; mais jusqu’alors je laissais l’argent sans y toucher ; je crus bien l’employer en en donnant une partie à la pauvre Bédouine.

« Je te remercie, lui dis-je, voilà pour ta peine.

— Oh ! ta bonté est grande comme… »

Je l’interrompis dans ses hyperboles, en lui demandant si l’oncle de ses enfants se trouvait parmi nos prisonniers.

« Oui.

— Sa liberté lui sera rendue. À présent va près de ce petit homme, monté sur un cheval noir ; dis-lui de ma part qu’il te rende tes bêtes. Zédar ben Houli ne reviendra pas, crois-le bien.

— seigneur !

— Va, te dis-je ; mais ne laisse deviner à personne de la tribu que tu m’as parlé ; tu entends ? »

Quelques minutes plus tard, comme le partage des troupeaux touchait à sa fin, je fis signe à Halef de s’approcher ; il accourut, toujours grimpé sur mon beau coursier noir ; je lui demandai :

« Qui donc t’a permis de prendre mon cheval, hadji Halef Omar ?

— Je voulais l’habituer à mes jambes, Sidi.

— Je pense qu’il ne les craint pas beaucoup ?

« Écoute, tu vas rendre à la femme que je t’ai envoyée son bœuf et ses dix chèvres.

— Oui, Sidi.

— Ensuite tu prendras trois tachterouan, que tu feras attacher sur trois chameaux.

— Qui veux-tu emmener, Sidi ?

— Regarde là-bas, sur la rive du fleuve ; tu vois ces arbres et ce bouquet de bambous, là, à droite ?

— Je les vois.

— Il y a sous ce bosquet trois hommes fort malades, je veux les emmener dans les corbeilles. A présent va dans la tente du cheikh, elle t’appartient avec tout ce qu’elle renferme ; Tu y prendras des couvertures avec ce qui est nécessaire pour adoucir le transport à des gens épuisés. Seulement, jusqu’à nouvel ordre, je désire que personne ne se doute de ce que porteront les trois chameaux.