— Quel but ?
— Faire des fouilles.
— Pourquoi ?
— Pour touver un fowling-bull.
— Ah ! fit l’interlocuteur de plus en plus étonné ; pour cela il faut des instruments, des gens et une autorisation. Comment êtes-vous venu ici ?
— Avec un petit bateau à vapeur.
— Où est-il ?
— Je l’ai renvoyé à Bagdad.
— Alors vous êtes seul, avec vos domestiques ?
— Yes.
— C’est singulier ; mais où vous rendez-vous pour le moment ?
— Nous allons chercher le fowling-bull. Qui est ce monsieur ? »
Mon Anglais montrait l’homme à la cuirasse. Le Grec traduisit à son chef la question et le reste de l’étrange conversation ; puis il répondit :
« L’homme illustre que vous avez devant vous se nomme Eslah al Mahem, c’est le cheikh des Obeïd Araber, qui ont leurs pâturages et leur campement dans ces contrées. »
Ces mots me surprirent ; ainsi le cheikh n’assistait point au départ de sa troupe, il s’en était séparé. Pour quelle raison ?
« Mais vous, qui êtes-vous ? reprit l’Anglais.
— Je suis un des interprètes du vice-consul de Mossoul.
— Ah ! Où allez-vous ?
— J’accompagne une expédition contre les Haddedîn.
— Une expédition, une guerre ? et pour quelle cause ?
— Les Haddedîn sont une race indomptable ; il faut souvent leur faire sentir le mors. Ils ont voulu soutenir les Yézidis, ou adorateurs du diable, dont le gouverneur de Mossoul avait à se plaindre ; mais comment se fait-il que… »
En ce moment l’interprète s’arrêta court ; un de nos chevaux s’était mis à hennir, tous les autres l’imitaient. Nous étions découverts ; le cheikh, saisissant la bride de son cheval, se dirigeait déjà vers le rempart de roches qui nous dérobait à ses yeux, mais d’où il avait entendu partir le bruit. Je crus qu’il fallait me montrer ; je sortis de ma cachette.