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une bataille au désert

Master Lindsay, quand nous arrivâmes à une portée de fusil, me dit soudain :

« Cette troupe est peu nombreuse, une vingtaine d’hommes, je crois ; pourquoi m’inquiéter d’ailleurs de ces querelles ? Vous allez voir ! »

Il me quitta et s’assit gravement sur une roche en avant du chemin, où les cavaliers débouchèrent bientôt en tournant un grand bloc de granit. Les domestiques de l’Anglais s’étaient placés à ses côtés.

Un Arabe de haute taille commandait le détachement ennemi ; il portait sur son aba une cuirasse d’écaillés d’acier, brillante comme un soleil ; il avait une mine vraiment royale. Cet homme devait n’avoir jamais éprouvé la peur ; cependant il tressaillit à l’apparition bizarre des trois Anglais, quoique aucun muscle de son visage ne remuât. Il porta la main à son sabre recourbé, sans précipitation ni colère, fit deux ou trois pas en avant ; puis, quand ses gens l’eurent rejoint, il dit quelques mots à un personnage maigre et jaune qui se plaça près de lui. Ce cavalier, d’un aspect sordide, montait mal à cheval et semblait fort peu guerrier. Je le soupçonnai d’être d’origine grecque.

Sur l’ordre du chef, ce fut lui qui adressa la parole à l’Anglais ; il se servit d’abord de la langue arabe.

« Qui es-tu ? » demanda-t-il.

Lindsay retira son chapeau, se leva et fit une demi-inclination sans répondre un seul mot.

L’interlocuteur reprit sa question en langue turque.

« English… English ! Je suis Anglais ! dit gravement Lindsay.

— Ah ! je vous salue, honorable lord ! s’écria l’interprète en anglais. C’est une véritable surprise que de trouver dans ce désert un fi]s d’Albion, Oserai-je, sir, vous demander votre nom ?

— David Lindsay.

— Ces hommes sont vos domestiques, sans doute ?

— Yes.

— Mais que faites-vous ici ?

— Rien.

— Vous devez cependant avoir un but en venant dans ces lieux ?

— Yes.