Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée
283
une bataille au désert

— Tu es fou !

— Je suis dans mon bon sens. Va, te dis-je. »

L’homme se leva en branlant la iêîe ; Il revint au bout de quelques minutes, me débarrassa de mes liens et me fit signe de le suivre. Je trouvai un grand nombre d’hommes rassemblés dans la tente du cheikh ; tous tenaient leurs armes à la main, mais pas un n’osait faire deux pas vers l’ennemi.

« Tu as demandé à me parler ? dit le cheikh ; que veux-tu ?

— Permets-moi de donner la chasse à ce lion.

— Tu ne pourrais tuer un lion. Vingt des plus braves d’entre nous n’y réussiraient pas ; essayer cette chasse serait exposer la vie de cent hommes.

— Je le tuerai à moi tout seul, et ce ne sera pas le premier.

— Parles-tu selon la vérité ?

— Oui, cheikh, je te l’affirme !

— Si tu veux tenter l’aventure, je ne m’y oppose pas. Allah donne la vie et la reprend ; tout est écrit dans le livre de la destinée.

— Rends-moi mes armes.

— Lesquelles ?

— La plus lourde et mon couteau.

— Apportez-lui ce qu’il réclame. »

Le brave homme se disait que j’étais un enfant de la mort, que, par conséquent, il hériterait sans conteste de mon beau cheval.

Pour moi, je me promettais bien de conquérir, avec mon fusil, trois choses : la peau du lion, mon noir coursier et ma liberté. Cet espoir surexcitait mon courage.

Lorsqu’on m’eut restitué mon fusil et mon long poignard, je fis remarquer au chef que je ne pouvais agir les mains liées.

« Promets que tu ne tireras que sur le lion.

— Je le promets.

— Jure-le, tu es un hadji ; jure-le par l’eau du Zem-Zem que tu gardes sur toi.

— Je le jure.

— Déliez ses mains ! »

Je me sentais libre déjà. Mes autres armes étaient dans la tente du chef, mon cheval se trouvait aussi tout près. J’avais bon espoir.

L’heure venait où le lion aime surtout à rôder autour des trou-