— Ne mens pas.
— Zédar ben Houli, remercie Allah de ce que mes mains sont liées, autrement tu ne m’aurais pas appelé deux fois menteur !
— Serrez les liens ! ordonna le chef.
— Lequel de vous osera porter la main sur un hadji, qui garde dans ses vêtements une bouteille de l’eau sacrée du Zem-Zem ?
— Je vois bien que tu es un hadji, puisque le hamail pend à ton cou ; mais possèdes-tu véritablement de l’eau du Zem-Zem ?
— Oui.
— Donne-nous-en.
— Non.
— Pourquoi non ?
— Je n’en donne qu’à mes amis.
— Sommes-nous tes ennemis ?
— Oui.
— Non ! nous ne t’avons fait aucun mal, nous n’avons d’autre intention que de rendre à son légitime propriétaire le cheval volé par toi.
— Je suis le légitime propriétaire de ce cheval.
— Tu es hadji, tu possèdes l’eau du Zem-Zem, et tu ne dis pas la vérité ! Je connais cet étalon noir : il appartient au cheikh Mohammed Emin ; comment se trouve — t— il entre tes mains ?
— Mohammed m’en a fait cadeau.
— Tu mens ; aucun Arabe ne ferait un tel présent.
— Je te le répète, remercie Allah de ce que mes mains ne peuvent me venger !
— Pourquoi t’aurait-il donné un pareil cheval ?
— Cela est une affaire entre lui et moi, elle ne vous regarde pas.
— Tu es vraiment un hadji fort poli ! Il faut que tu aies rendu au cheikh un bien grand service, s’il t’a fait un pareil présent ! Enfin laissons cette question. Quand as-tu quitté les Haddedîn ?
— Avant-hier matin.
— Où pâturaient leurs troupeaux ?
— Je ne sais ; les Arabes conduisent leur bétail tantôt ici et tantôt là.
— Pourrais-tu nous conduire à peu près où ils sont ?