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une bataille au désert

« Qui es-tu ?

— Étranger, répondis-je laconiquement.

— D’où viens-tu ?

— De l’ouest, comme vous voyez.

— Où vas-tu ?

— Où le Kismet[1] me conduit.

— Viens avec nous, tu seras notre hôte.

— Je te remercie ; j’ai un ami qui s’occupe de mon campement et me prépare partout un abri.

— Qui est-il ?

— Allah !… Adieu ! »

J’avais trop négligé la prudence, car à peine ces mots s’achêvaient-ils, qu’un des brigands portait la main à sa ceinture, puis, saisissant une sorte de casse-tête pendu à une lanière, m’étourdissait par un coup viplent sur le crâne.

— Je perdis un moment connaissance ; quand je revins à moi, presque aussitôt du reste, j’étais solidement garrotté.

« Salam aleïkoum ! me dit ironiquement celui qui portait la parole, nous voyons bien que nous n’avons pas été assez polis envers toi tout à l’heure, c’est pourquoi tu as refusé notre hospitalité. Réponds-moi : Qui es-tu ? »

Comme on le pense bien, je gardai le silence.

Il reprit avec colère, en me lançant un coup de pied :

« Qui es-tu ? »

Comme je me taisais, son compagnon lui dit :

« Laisse-le ! Allah fera un miracle pour lui ouvrir la bouche. Le mettrons-nous à cheval, ou nous suivra-t-il à pied ?

— A pied. »

Ils relâchèrent les cordes qui retenaient mes jambes et me lièrent à l’étrier d’un de leurs chevaux ; après quoi ils prirent mon bel étalon noir par la bridé et se mirent en route du côté de l’orient.

Ainsi j’étais prisonnier, malgré mon coursier rapide et mes belles promesses. Ah ! que l’homme est une vaine, présomptueuse et faible créature !

Nous gravîmes d’abord une montagne escarpée ; puis je vis, dans une vallée, plusieurs feux allumés.

  1. La destinée.