Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée
247
une bataille au désert


« Les Chammar et les Haddedîn reçoivent tout le monde avec honneur, excepté les traîtres et les fourbes !

— Que veux-tu dire ?

— Je parle des hommes qui viennent du couchant pour exciter les pachas contre les fils du désert. À quoi sert-il à la reine des Iles[1] d’avoir un consul à Mossoul ?

— Ces trois hommes n’appartiennent pas au consulat. Nous sommes des voyageurs fatigués ; nous ne réclamons de toi qu’un peu d’eau et quelque nourriture polir nos chevaux.

— Si vous ne venez pas du consulat, vous aurez ce que vous demandez. Entrez, soyez les bienvenus. »

Nous attachâmes nos bêtes aux faisceaux de lances et nous pénétrâmes dans la tente. Là on nous offrit du lait de chamelle avec quelques galettes d’orge à moitié desséchées. Décidément le cheikh se refusait à nous traiter comme des hôtes.

Pendant tout le repas, il nous regarda d’un air sombre sans prononcer un seul mot. L’Arabe devait avoir un motif grave pour se défier des étrangers, et je m’aperçus bien qu’il eût été fort curieux d’obtenir sur notre compte des renseignements précis, seulement il ne savait pas comment y parvenir.

Lindsay de son côté inspectait la tente avec défiance ; il me dit assez bas en anglais :

« Mauvaises gens, hein ?

— Ils n’ont pas l’air trop tendres à notre endroit, en effet.

— On dirait qu’ils veulent nous manger tout crus, hein ?

— Ils nous ont reçus comme des infidèles, nous ne sommes point admis en qualité d’hôtes ; tenons-nous sur nos gardes.

— Nous ne sommes pas les hôtes du cheikh ? Mais nous mangeons et buvons dans sa tente !

— Il ne nous a point offert le pain de sa propre main, il ne nous a pas donné le sel. Il vous reconnaît pour un Anglais, et il paraît qu’il hait les Anglais.

— Pourquoi cela ?

— Je n’en sais rien.

— Demandez-le-lui.

— Ce serait contre les convenances ; mais je pense que nous finirons par l’apprendre. »

  1. La reine d’Angleterre.