Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée
232
une bataille au désert

— Mais pourquoi êtes-vous venu à Mascate ?

— Pour voir la ville.

— Irez-vous plus loin ?

— Je ne sais pas encore.

— Avez-vous de l’argent ?

— Oui.

— Comment vous appelez-vous ? »

Je lui dis mon nom. Sa grande bouche s’ouvrit de telle façon, qu’elle semblait figurer un carré au milieu duquel apparaissaient de longues dents découvertes jusqu’aux gencives ; les sourcils montaient de plus en plus haut.

Il tira de la poche de son gilet un petit calepin, le feuilleta ; puis, ôtant son chapeau, il me dit solennellement :

« Welcome sir ! Je vous connais.

— Est-ce possible ?

— Oui ; mon ami, sir John Raffley, membre du Traveller-Club, Londres, Near-Street, 47, m’a parlé de vous.

— C’est trop d’honneur.

— Avez-vous du temps à dépenser ?

— Hum ? pourquoi cette question ?

— J’ai lu beaucoup de choses curieuses sur Babylone, Ninive, les fouilles qu’on y fait, les adorateurs du diable, etc. etc. Je veux me rendre sur les lieux, tenter des fouilles, rapporter des antiquités et en faire présent au British muséum. Je ne sais pas l’arabe ; mon ami, qui a beaucoup voyagé en votre compagnie, se loue de votre précieux concours. Venez avec moi, je reconnaîtrai largement vos services. Je me nomme Lindsay, David Lindsay, non titré ; vous n’avez pas besoin de dire sir Lindsay.

— Et vous vous disposez à visiter les rives de l’Euphrate et du Tigre ?

— Oui, j’ai un petit canot à vapeur. Je vais, je viens. Le canot m’attend, ou retourne à Bagdad. J’achète des chevaux, des chameaux ; je voyage, je chasse. Je veux surtout m’occuper des fouilles pour enrichir le British muséum : je veux aussi avoir de quoi raconter au Traveller-Club. Venez-vous avec moi ?

— Autant que possible je préfère mon indépendance.

— Naturellement ; mais vous me quitterez quand vous voudrez ; vous serez bien traité et richement payé ; vous m’accompagnerez seulement ; aucun service manuel, cela va sans dire.