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les pirates de la mer rouge

« Parle ; que veux-tu pour ta récompense, hadji Halef Omar ?

— Seigneur, j’ai quitté mon pays ; il est bien loin, je n’ai pas l’intention d’y retourner ; si tu m’en crois digne, reçois-moi parmi les tiens.

— Tu veux devenir un Ateïbeh ? Ton maître y consent-il ?

— Il y consent ; n’est-ce pas, Sidi ?

— Très volontiers, repris-je ; je joins même mes prières aux siennes, si cela est nécessaire près de toi, cheikh !

— J’accepterais tout de suite la proposition si je pouvais agir sans consulter les hommes du camp, dit gravement le vieux chef ; mais une pareille adoption est une chose sérieuse et demande du temps. Hadji Halef Omar, as-tu des parents dans le voisinage ?

— Non.

— As-tu sur toi du sang criant vengeance ?

— Non.

— Es-tu sunnite ou chiite ?

— J’appartiens aux sunnites.

— As-tu déjà femmes et enfants ?

— Non.

— Si cela est ainsi, nous pouvons procéder à ton admission parmi nous.

— Cheikh, avant de te décider, consulte mon maître ; il parlera pour moi. »

Je me levai ; prenant une attitude digne, j’improvisai un discours à l’orientale. Je dis :

« Accueille mes paroles, ô cheikh. Puisse Allah ouvrir ton cœur et incliner ta volonté suivant mon désir !

« Je suis Kara ben Nemsi, un émir au milieu des talebs et des héros du Frankistan.

« Je suis venu en Afrique, et jusque dans cette contrée, afin de connaître les mœurs des habitants et de m’informer de leurs vaillantes prouesses.

« Pour m’accompagner dans mon voyage, il me fallait un serviteur connaissant toutes les manières de parler de ce pays. Je le voulais sage et prudent, incapable de trembler devant les périls de la route, ni devant les panthères ou les lions, ni devant aucun homme. J’ai trouvé celui-ci : hadji Halef Omar, ben hadji Aboul

Les Pirates de la mer Rouge.
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