Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée
103
sur les bords du nil

« Eh bien, peut-on marcher ? lui demandai-je à voix basse.

— Marcher, non, mais nager. La vase est bien épaisse !

— Enfin es-tu résolu ?

— Oui ; prends mes habits, Sidi, et va m’attendre près de la grande porte. »

Il plaça sur sa tête les cordeaux qui devaient nous fournir une échelle, étendit les bras, et, prenant son élan, s’enfonça sous la voûte du canal.

Pour moi, j’attendis à la même place ; des obstacles imprévus pouvaient se rencontrer, je me tenais prêt à lui porter secours. Au bout de cinq minutes le plongeur Reparut, criant d’une voix étouffée :

« Sidi, impossible d’avancer, le canal est fermé par un fort treillage en bois.

— Às-tu essayé de le renverser ?

— Oui, mais il résiste à tous mes efforts.

— Et où se trouve cette barrière ?

— Tout près du mur de fondation.

— Je vais y voir. Remonte, garde mon habit à ton tour et rends-toi là-bas, devant la grande porte. »

Je n’enlevai que mon paletot et descendis tout habillé dans le canal. Me décidant à nager sur le dos, j’avançai avec précaution. Il ne faisait guère clair dans ce gouffre ; je me dirigeai à tâtons et trouvai bientôt la grille. Elle était haute et large comme l’embouchure elle-même, et consistait en un croisement de petites planchettes fort épaisses ; des gonds de fer la retenaient au mur. Cette grille servait à empêcher les rats et les souris d’eau de pénétrer dans le bassin ; je la secouai de toutes mes forces, elle ne céda point, et je me convainquis qu’en l’attaquant dans son ensemble je n’aboutirais à rien. Je saisis alors quelques bâtons du treillage et les tirai en m’aidant de mes genoux et en m’appuyant contre le mur. L’un d’eux finit par se rompre. Je continuai mon attaque avec courage ; en quelques minutes le trou fût assez large pour permettre le passage.

Je me demandai si je devais aller chercher Isla. C’était perdre du temps ; d’ailleurs je connaissais mieux les lieux que lui. Je profitai donc de l’ouverture et je m’avançai, nageant toujours dans la vase, qui s’épaississait de plus en plus. Lorsque, d’après mes calculs, je fus arrivé à la cour intérieure, la voûte du canal