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sur les bords du nil

Hassan m’attendait avec le jeune négociant.

« Eh bien ! l’as-tu vue ? me cria celui-ci.

— Oui.

— A-t-elle reconnu l’anneau ?

— Oui.

— Elle sait alors que je suis là ?

— J’espère qu’elle l’a compris ; j’espère aussi qu’elle a fait attention au sens de mes paroles et qu’elle se prépare à être délivrée cette nuit.

— Mais comment ?

— Hassan, ton bateau est-il prêt ?

— Il le sera ce soir.

— Es-tu décidé à nous conduire au Caire ?

— Oui.

— Écoutez-moi. Deux portes ferment la demeure d’Abrahim ; elles sont verrouillées en dedans, impossible de les forcer ; mais il y a un autre moyen. Isla, sais-tu nager ?

— Oui.

— Bien. Un canal conduit l’eau du Nil dans l’intérieur du bâtiment ; il aboutit à un bassin renfermé dans une cour ; c’est par ce conduit qu’il faudra pénétrer quand tout le monde dormira. La porte de cette cour n’est pas malaisée à ouvrir, non plus que celle donnant sur le jardin ; une fois que nous serons en dedans, nous trouverons des perches pour faire l’assaut du harem, dont la grille cédera sans peine si Sénitza m’a deviné, car j’ai tout préparé.

— Et après ?

— Après, nous agirons suivant les circonstances… Hassan sera sur le fleuve, avec sa dahabïe, et nous nous déroberons aux poursuites. »

Je dessinai alors le plan du vieux château, afin que mes deux complices pussent s’orienter, et je rentrai chez moi, me hâtant de disposer mon bagage pour le départ.

Nos paquets n’étaient pas longs à ficeler ; j’avais réglé dans la journée avec mon hôte ; nous pûmes nous rendre de bonne heure sur le navire, où Isla vint me rejoindre accompagné de son domestique.

Dès que la nuit fut venue, le reïs mit à notre disposition une longue chaloupe ; Halef et l’ex-barbier prirent les rames, je me chargeai du gouvernail.