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demment pour tromper l’acheteur s’emploient de préférence un jour de foire, non-seulement du côté du commerçant, mais encore le plus souvent par les propriétaires qui n’ont à peu près que ce débouché pour se débarrasser de ce qui est à charge. Nous ne nous répéterons donc pas, faisant seulement remarquer qu’il est plus facile d’être trompé ce jour-là, parce que les transactions s’opèrent plus vite, le vendeur ayant plus de prétendants et l’acquéreur craignant d’être évincé.

Le marchand qui se respecte le plus réserve aussi pour les foires l’animal dont il n’a pu se débarrasser chez lui. S’il en a de vicieux, il ne s’exposera certainement pas à passer en correctionnelle en faisant ingérer un narcotique quelconque, mais il emploiera un moyen moins compromettant : ce sera de faire parcourir une cinquantaine de kilomètres sans débrider, la nuit précédant le marché, ou le jour promis pour l’essai en les ayant de longue main privés d’une nourriture trop excitante.

On voit souvent figurer dans les écuries des marchands, des chevaux qui, pour un motif ou un autre, ont longtemps séjourné ailleurs, leurs défauts ou vices étant trop connus, et cela se fait à titre de revanche ou de simple échange. Ils ont beau médire les uns des autres, l’accord est fait sur ce point.

Tous les marchands connaissent le proverbe scripta manent, verba volant, qu’ils traduisent trivialement par les écrits sont des mâles et les paroles des femelles, préférant s’en tenir aux paroles pour ce qui est de la garantie.

Ils ne sont pas en peine d’être gouailleurs et d’employer avec la pratique un langage ambigu, la métaphore et l’hyperbole. L’un