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Vous semblez considérer notre civilisation comme un ténébreux complot de riches et de tyrans pour dérober aux peuples je ne sais quelles richesses naturelles… Non, c’est une solution qui, avec tous ses défauts, a été adoptée par les hommes après des siècles de tâtonnement. On peut la retoucher ? Eh ! comment ne pas le faire ? Ces industriels, ces ouvriers, ces usines, nos redingotes et nos blouses, disparaîtront aussi certainement que les armures et les arquebuses, que les barons et les serfs. Mais il y faut du temps. On ne peut pas jeter la civilisation comme un livre qui a cessé de plaire.

— Qui parle, monsieur, de rejeter la civilisation ? Il s’agit seulement d’en éliminer les incohérences qui choquent douloureusement un esprit logique. Aux hommes qui devraient être associés pour lutter contre la misère, vous êtes arrivé à donner des intérêts contradictoires. La maladie, le froid, les guerres sont agréables et avantageuses à des