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dans toutes les malles et se faisant renverser cent fois par jour, poussait des cris furieux qu’il fallait apaiser.

Philippe transformait en argent liquide la petite somme qui leur restait, mettait en ordre son bureau et, à ses moments perdus, aidait Geneviève.

Il était beaucoup plus découragé qu’elle.

— Ne cherche pas à prévoir, lui disait-elle, rien n’est jamais si beau ni si triste qu’on l’aurait cru ; fais comme moi, j’emballe ; je ne pense pas à autre chose.

Cependant, le matin du départ, quand ses bagages furent achevés, elle faiblit un peu. Avec la petite bonne affolée qui pleurait, elle fit le tour de sa maison, regarda les murs nus, les armoires ouvertes et vides, les lits sans draps et sans couvertures et, par les fenêtres sans rideaux, le petit jardin de curé qu’elle avait cultivé elle-même.

— Ma petite maison… dit-elle ; elle n’était pas belle, mais j’avais fini par m’y attacher.