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qui caressait son collier de barbe de ses mains blanches, Flocon, et Etienne Arago. M. Duclos, directeur de l’Impartial de Picardie, porta le toast. L’auditoire resta assez froid, il n’était pas venu pour entendre les célébrités locales, mais Ledru-Rollin se leva, gras et tondu.

« À l’amélioration des classes laborieuses… aux travailleurs » cria-t-il. Puis, il parla de la nécessité d’organiser le suffrage universel pour que les intérêts des ouvriers fussent défendus à l’assemblée. « Qui donc à la Chambre, s’écria-t-il, connaît les intérêts du peuple ? »

— Vous, vous, répondirent cinq cents voix.

— Je vous remercie de cet honneur et de ce souvenir. Sans doute, j’ai défendu le peuple, sans doute je l’ai fait, le cœur saignant de toutes ses misères, les larmes aux yeux ; mais si mon cœur me rapproche de lui, plusieurs générations déjà m’en séparent : l’éducation, les habitudes, le bien-être. Est-