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IX

LA BOHÊME JUDICIAIRE.


En 1868, la grande salle des Pas-Perdus du Palais-de-Justice offrait un coup d’œil autrement plus animé que celui qu’elle présente aujourd’hui au milieu des décombres de l’incendie de 1871. C’est le samedi surtout que le Palais est bruyant à cause de l’affluence de personnes étrangères qu’attirent les ventes immobilières qui ont lieu ce jour-là.

Un public affairé se croise avec les avocats et les avoués que l’on rencontre de toutes parts comme les abeilles essaimant de la ruche. Parmi les avocats, les uns se promènent de long en large, seuls ou accompagnés de leurs clients, en attendant le moment de plaider. D’autres forment des groupes autour desquels on s’arrête pour entendre causer politique ou raconter un incident d’audience qui vient de se produire à telle chambre. Ceux-ci traversent rapidement la salle en s’enquérant d’un confrère contre lequel ils ont une affaire retenue ou engagée. On voit passer de temps en temps un des « princes du barreau » qu’aborde avec déférence un stagiaire ou un premier clerc d’avoué, futur avocat lui-même ou futur avoué.

On voit passer des magistrats en robe se rendant à