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VI

HECTOR D’HAVRECOURT.


Le vicomte qui avait fait demander Georges Raymond et qui l’attendait dans la cour était un grand jeune homme de vingt-huit ans au plus, élégant, bien fait de sa personne, avec une tournure quelque peu militaire et des façons qui ne sentaient en rien le monde interlope, si ce n’était peut-être une assurance excessive.

Ancien sous-officier de cavalerie, par un engagement volontaire qu’il avait trouvé le moyen de rompre, on ne sait comment, au bout de deux ans ; lancé à fond de train dans le demi-monde, côtoyant la bonne compagnie, fréquentant les cercles, les eaux, jouant à la Bourse et essayant de faire des affaires, Hector d’Havrecourt n’était cependant qu’un bohême, mais un bohême planant au-dessus des régions infimes où Georges végétait, comme le milan plane au-dessus du pigeon.

Il n’avait pas la moindre fortune, quant à son titre, il ne valait guère mieux que son patrimoine.

À la fin du règne de Louis XV, son aïeul s’appelait Harveux-Court, par accouplement de son nom et de