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V

CALEMBREDAINES.


Malgré l’effort qu’il avait fait en sortant de l’église Notre-Dame pour chasser de son souvenir la ravissante apparition qui l’avait frappé, Georges Raymond y songeait encore en montant les escaliers de la pension bourgeoise, et, lorsqu’il entra dans la salle, cette préoccupation, ajoutée à tant d’autres, rendait son aspect assez rébarbatif.

Au milieu du bruit des voix, des assiettes et à travers la fumée qui remplissait déjà la salle, car on était au café, l’arrivée de Georges produisit un certain froid.

― Servez monsieur ! cria le père Lamoureux.

Servez monsieur ! Donc Georges n’était pas bien noté, comme l’indiquait assez la sécheresse de la formule.

Parmi les jeunes gens qui se trouvaient là, deux seulement l’accueillirent avec une apparence de cordialité, Léon Gaupin et Marius Simon.

Karl Elmerich était déjà rentré chez lui pour travailler et attendait vainement Léon Gaupin qui devait lui lire, dans la soirée, le troisième acte de son opéra.

Soulès et Oudaille, en voyant Georges, se contentèrent d’un simple : Ça va bien ?

Georges Raymond, en n’apercevant pas Karl, était