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anglais, réfugié dans le fort Édouard, qu’on venait d’élever. Il avait le dessein d’attaquer ce parti dès le lendemain matin ; mais les Abénakis, déjà fort mécontents de ce qu’on avait laissé à Saint-Frédéric la moitié de l’armée, déclarèrent hautement qu’ils ne combattraient pas, parceque le fort Édouard était situé sur le territoire anglais ; mais qu’ils étaient prêts à marcher contre Johnson, établi sur le territoire français. Les Canadiens appuyèrent l’avis des Abénakis[1]. Le général fut obligé de renoncer à son dessein d’aller attaquer le fort Édouard, et, le lendemain, il se mit en marche vers le camp de Johnson, éloigné d’environ quinze milles.

Johnson, qui avait appris que Dieskau devait attaquer le fort Édouard, avait envoyé, dès le matin, 1,200 hommes, sous le commandement du colonel Williams, pour se mettre en embuscade sur la route des Français. Dieskau fut informé de l’approche de ce détachement, à quatre milles du camp de Johnson. Il disposa alors ses troupes pour l’attaquer, plaça les sauvages en avant, chaque côté de la route, avec ordre de se coucher ventre-à-terre dans le bois, et de n’attaquer l’ennemi que lorsque le feu serait commencé. Mais les sauvages, trop ardents pour le combat, se découvrirent avant le moment indiqué, et furent aperçus des Anglais. Néanmoins, Dieskau ordonna aussitôt l’attaque. Dès le commencement du combat, le commandant des sauvages, le Gardeur de Saint-Pierre, fut tué. Alors les Abénakis s’élancèrent sur l’ennemi et combattirent

  1. Bancroft Hist. of the U.S. Vol. III. 148. — Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 235.