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YVETTE.

de leur approche pour passer l’écluse de Marly.

Mais une petite cloche sorïna.

On annonçait le déjeuner. Ils rentrèrent.

Le repas fut silencieux. Un pesant midi de juillet écrasait la terre, oppressait les êtres. La chaleur semblait épaisse, paralysait les esprits et les corps. Les paroles engourdies ne sortaient point des lèvres, et les mouvements semblaient pénibles comme si l’air fût devenu résistant, plus difficile à traverser.

Seule, Yvette, bien que muette, paraissait animée, nerveuse d’impatience.

Dès qu’on eût fini le dessert elle demanda :

— Si nous allions nous promener dans la forêt. Il ferait joliment bon sous les arbres.

La marquise, qui avait l’air exténué, murmura :

— Es-tu folle ? Est-ce qu’on peut sortir par un temps pareil ?

Et la jeune fille, rusée, reprit :

— Eh bien ! nous allons te laisser le baron, pour te tenir compagnie. Muscade et moi, nous grimperons la côte et nous nous assoirons sur l’herbe pour lire.

Et se tournant vers Servigny :

— Hein ? C’est entendu ?