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PROMENADE. 203

En 1836, il avait perdu son père, puis sa mère en 1839. Et depuis lors, rien qu'un déménagement en 1868, son propriétaire ayant voulu l'augmenter.

Tous les jours son réveil-matin, à six heures précises, le faisait sauter du lit, par un effroyable bruit de chaîne qu'on déroule.

Deux fois, cependant, cette mécanique s'était détraquée, en 1866 et en 1874, ^^^^ qu'il eût jamais su pourquoi. II s'habillait, faisait son lit, balayait sa chambre, épous- setait son fauteuil et le dessus de sa commode. Toutes ces besognes lui demandaient une heure et demie.

Puis il sortait, achetait un croissant à la boulangerie Lahure, dont il avait connu onze patrons différents sans qu'elle perdît son nom, et il se mettait en route en man- geant ce petit pain.

Son existence tout entière s'était donc accomplie dans l'étroit bureau sombre tapissé du même papier. Il y était entré jeune, comme aide de M. Brument et avec le désir de le remplacer.

II l'avait remplacé et n'attendait plus rien.

Toute cette moisson de souvenirs que font les autres hommes dans le courant de leur