Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
YVETTE.

— Apportez tout de suite, et laissez la porte ouverte pour établir un courant d’air.

La marquise, tombée sur les genoux, sanglotait.

— Yvette ! Yvette ! ma fille, ma petite fille, ma fille, écoute, réponds-moi, Yvette, mon enfant. Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! qu’est-ce qu’elle a ?

Et les hommes effarés remuaient sans rien faire, apportaient de l’eau, des serviettes, des verres, du vinaigre.

Quelqu’un dit : « Il faut la déshabiller ! »

Et la marquise, qui perdait la tête, essaya de dévêtir sa fille ; mais elle ne savait plus ce qu’elle faisait. Ses mains tremblaient, s’embrouillaient, se perdaient et elle gémissait : « Je… je… je ne peux pas, je ne peux pas… »

La femme de chambre était rentrée apportant une bouteille de pharmacien que Servigny déboucha et dont il versa la moitié sur un mouchoir. Puis il le colla sous le nez d’Yvette, qui eut une suffocation.

— Bon, elle respire, dit-il. Ça ne sera rien. Et il lui lava les tempes, les joues, le cou avec le liquide à la rude senteur.

Puis il fit signe à la femme de chambre de délacer la jeune fille, et quand elle n’eut plus