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— Oh !

— Oui, mon ami, pour Mme Bonderoi !

Mais je laisse la parole au cavalier Siballe :

« Voilà l’affaire, mon cap’taine. Y a z’environ dix-huit mois, je me promenais sur le Cours, entre six et sept heures du soir, quand une particulière m’aborda.

Elle me dit, comme si elle m’avait demandé son chemin : « Militaire, voulez-vous gagner honnêtement dix francs par semaine ? »

Je lui répondis sincèrement : « À vot’ service, madame. »

Alors ell’ me dit : « Venez me trouver demain, à midi. Je suis Mme Bonderoi, 6, rue de la Tranchée.

— J’ n’y manquerai pas, madame, soyez tranquille. »

Puis, ell’ me quitta d’un air content en ajoutant : « Je vous remercie bien, militaire.

— C’est moi qui vous remercie, madame. »

Ça ne laissa pas que d’ me taquiner jusqu’au lendemain.

À midi, je sonnais chez elle.

Ell’ vint m’ouvrir elle-même. Elle avait un tas de petits rubans sur la tête.