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leur, tranquille dans son fauteuil, nous regardait. Quand la boisson fut prête, on lui tendit un verre ; nous lui aurions volontiers soutenu la tête et on trinqua.

« Le prisonnier but autant qu’un régiment. Mais comme le jour commençait à paraître, il se leva et, d’un air fort calme : « Je vais être obligé de vous quitter, parce qu’il faut que je rentre chez moi. »

« Nous fûmes désolés ; on voulut le retenir encore, mais il se refusa à rester plus longtemps.

« Alors on se serra la main, et Sorieul, avec sa bougie, l’éclaira dans le vestibule, criant : « Prenez garde à la marche sous la porte cochère. »

On riait franchement autour du conteur. Il se leva, alluma sa pipe, et il ajouta, en se campant en face de nous :

« Mais le plus drôle de mon histoire, c’est qu’elle est vraie. »

Le Voleur a paru dans le Gil-Blas du mercredi 21 juin 1802, sous la signature : Maufrigneuse.