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Elles restaient fixes, me dévisageant toujours, attendant mon ordre, cherchant à lire dans mon œil ma pensée. Oh ! le maudit cadeau ! Comme il me gênait ! À la fin, me sentant ridicule, je demandai à la plus grande :

— Comment t’appelles-tu, toi ?

— Elle répondit : « Châli ».

Cette gamine à la peau si jolie, un peu jaune, comme de l’ivoire, était une merveille, une statue avec sa face aux lignes longues et sévères.

Alors, je prononçai pour voir ce qu’elle pourrait répondre, peut-être pour l’embarrasser :

— « Pourquoi es-tu ici ? »

Elle dit de sa voix douce, harmonieuse : « Je viens pour faire ce qu’il te plaira d’exiger de moi, mon seigneur. »

La gamine était renseignée.

Et je posai la même question à la plus petite qui articula nettement de sa voix plus frêle : « Je suis ici pour ce qu’il te plaira de me demander, mon maître. »

Elle avait l’air d’une petite souris, celle-là, elle était gentille comme tout. Je l’enlevai dans mes bras et l’embrassai. Les autres eurent un mouvement comme pour se retirer, pensant sans doute que je