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côté d’elle et elle prononça si vite que j’avais grand peine à entendre : « A me non piacciono, ne le ciliegie, ne le susine ; amo soltanto le fragole. »

— Qu’est-ce qu’elle dit ? demanda Paul aussitôt.

— Elle dit qu’elle n’aime ni les cerises ni les prunes, mais seulement les fraises.

Et je posai sur ses genoux le journal plein de fraises des bois. Elle se mit aussitôt à les manger très vite, les saisissant du bout des doigts et les lançant, d’un peu loin, dans sa bouche qui s’ouvrait pour les recevoir d’une façon coquette et charmante.

Quand elle eut achevé le petit tas rouge que nous avions vu en quelques minutes diminuer, fondre, disparaître sous le mouvement vif de ses mains, je lui demandai : « Et maintenant, qu’est-ce que je peux vous offrir ? »

Elle répondit : « Je veux bien un peu de poulet. »

Et elle dévora certes la moitié de la volaille qu’elle dépeçait à grands coups de mâchoire avec des allures de carnivore. Puis elle se décida à prendre des cerises, qu’elle n’aimait pas, puis des prunes, puis des gâteaux, puis elle dit : « C’est assez », et elle se blottit dans son coin.

Je commençais à m’amuser beaucoup et je voulus