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C’était un garçon de vingt-cinq ans environ, qui semblait avoir du sang nègre dans les veines, bien qu’il appartînt à la plus pure race hindoue. Il avait les yeux larges, fixes, un peu vagues, les pommettes saillantes, les lèvres grosses, la barbe frisée, le front bas et des dents éclatantes, aiguës, qu’il montrait souvent dans un sourire machinal.

Il se leva et vint me tendre la main à l’anglaise, puis me fit asseoir à ses côtés sur un banc si haut que mes pieds touchaient à peine à terre. On était fort mal là-dessus.

Et aussitôt il me proposa une chasse au tigre pour le lendemain. La chasse et les luttes étaient ses grandes occupations et il ne comprenait guère qu’on pût s’occuper d’autre chose. Il se persuadait évidemment que je n’étais venu si loin, que pour le distraire un peu et l’accompagner dans ses plaisirs.

Comme j’avais grand besoin de lui, je tâchai de flatter ses penchants. Il fut tellement satisfait de mon attitude qu’il voulut me montrer immédiatement un combat de lutteurs, et il m’entraîna dans une sorte d’arène située à l’intérieur du palais.

Sur son ordre, deux hommes partirent, nus, cuivrés, les mains armées de griffes d’acier ; et ils s’attaquèrent