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ffleter au cercle. Puis il constatait que cela serait de mauvais goût, qu’on rirait de lui et non de l’autre, et que ces emportements lui venaient bien plus de sa vanité blessée que de son cœur meurtri. Il se coucha mais ne dormit point.

On apprit dans Paris, quelques jours plus tard, que le baron et la baronne d’Étraille s’étaient séparés à l’amiable pour incompatibilité d’humeur. On ne soupçonna rien, on ne chuchota pas et on ne s’étonna point.

Le baron, cependant, pour éviter des rencontres qui lui seraient pénibles, voyagea pendant un an, puis il passa l’été suivant au bains de mer, l’automne à chasser et il revint à Paris pour l’hiver. Pas une fois il ne revit sa femme.

Il savait qu’on ne disait rien d’elle. Elle avait soin, au moins, de garder les apparences. Il n’en demandait pas davantage.

Il s’ennuya, voyagea encore, puis restaura son château de Villebosc, ce qui lui demanda deux ans, puis il y reçut ses amis, ce qui l’occupa quinze mois au moins ; puis, fatigué de ce plaisir usé, il rentra dans son hôtel de la rue de Lille, juste six années après la séparation.