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II


Nous prîmes le Rapide un jeudi soir, le 26 juin. On ne va guère dans le midi à cette époque ; nous étions seuls dans le wagon, et de mauvaise humeur tous les deux, ennuyés de quitter Paris, déplorant d’avoir cédé à cette idée de voyage, regrettant Marly si frais, la Seine si belle, les berges si douces, les bonnes journées de flâne dans une barque, les bonnes soirées de somnolence sur la rive, en attendant la nuit qui tombe.

Paul se cala dans son coin, et déclara, dès que le train se fût mis en route : « C’est stupide d’aller là-bas. »

Comme il était trop tard pour qu’il changeât d’avis, je répliquai : « Il ne fallait pas venir. »

Il ne répondit point. Mais une envie de rire me prit en le regardant tant il avait l’air furieux. Il ressemble certainement à un écureuil. Chacun de nous