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jésuite restait bien longtemps. Je me disais : « Ils s’expliquent. »

Une heure passa, puis deux, puis trois. Le révérend père ne sortait point. Qu’était-il arrivé ? Mon oncle était-il mort de saisissement en le voyant ? Ou bien avait-il tué l’homme en soutane ? Ou bien s’étaient-ils entre-mangés ? Cette dernière supposition me sembla peu vraisemblable, mon oncle me paraissant en ce moment incapable d’absorber un gramme de nourriture de plus. Le jour se leva.

Inquiet, et n’osant pas entrer à mon tour, je me rappelai qu’un de mes amis demeurait juste en face. J’allai chez lui ; je lui dis la chose, qui l’étonna et le fit rire, et je m’embusquai à sa fenêtre.

À neuf heures, il prit ma place, et je dormis un peu. À deux heures, je le remplaçai à mon tour. Nous étions démesurément troublés.

À six heures, le jésuite sortit d’un air pacifique et satisfait, et nous le vîmes s’éloigner d’un pas tranquille.

Alors honteux et timide, je sonnai à mon tour à la porte de mon oncle. La servante parut. Je n’osai l’interroger et je montai, sans rien dire.

Mon oncle Sosthène, pâle, défait, abattu, l’œil