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couvraient les collines de droite et de gauche, vieux bois seigneuriaux où restaient des arbres magnifiques et où l’on trouvait les plus rares gibiers à plume de toute cette partie de la France. On y tuait des aigles quelquefois ; et les oiseaux de passage, ceux qui presque jamais ne viennent en nos pays trop peuplés, s’arrêtaient presque infailliblement dans ces branchages séculaires comme s’ils eussent connu ou reconnu un petit coin de forêt des anciens temps demeuré là pour leur servir d’abri en leur courte étape nocturne.

Dans la vallée, c’étaient de grands herbages arrosés par des rigoles et séparés par des haies ; puis, plus loin, la rivière, canalisée jusque là, s’épandait en un vaste marais. Ce marais, la plus admirable région de chasse que j’aie jamais vue, était tout le souci de mon cousin qui l’entretenait comme un parc. À travers l’immense