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LE HORLA
comme si la nuit cachait pour moi une menace
terrible. Je dîne vite, puis j’essaye de lire ; mais je
ne comprends pas
les mots ; je distingue
à peine les
lettres. Je marche
alors dans mon
salon de long en
large, sous l’oppression
d’une
crainte confuse et
irrésistible, la
crainte du sommeil
et la crainte
du lit.
Vers deux heures, je monte dans ma chambre. À peine entré, je donne deux tours de clef, et je pousse les verrous ; j’ai peur… de quoi ?… Je ne redoutais rien jusqu’ici… j’ouvre mes armoires, je regarde sous mon lit ; j’écoute… j’écoute… quoi ?… Est-ce étrange qu’un simple malaise, un trouble de la circulation peut-être, l’irritation d’un filet nerveux, un peu de congestion, une toute petite perturbation dans le fonctionnement si