Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES ROIS.

Ah ! dit le capitaine comte de Garens, je crois bien que je me le rappelle, ce souper des Rois, pendant la guerre !

J’étais alors maréchal des logis de hussards, et depuis quinze jours rôdant en éclaireur en face d’une avant-garde allemande. La veille, nous avions sabré quelques uhlans et perdu trois hommes, dont ce pauvre petit Raudeville. Vous vous rappelez bien, Joseph de Raudeville.

Or, ce jour-là, mon capitaine m’ordonna de prendre dix cavaliers et d’aller occuper et de garder toute la nuit le village de Porterin, où l’on s’était battu cinq fois en trois semaines. Il ne restait pas vingt maisons debout ni douze habitants dans ce guêpier.

Je pris donc dix cavaliers et je partis vers