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— C’est le nom de ton père.

L’autre, qui était assis dans un fauteuil, réplique comme ça, trois fois :

— Vous avez tort, vous avez fort, vous avez tort, Rosette.

Maman s’assied dans son lit. Je la vois encore avec ses pommettes rouges et ses yeux brillants, car elle m’aimait bien tout de même ; et elle lui dit :

— Alors faites quelque chose pour lui, Philippe !

En lui parlant, elle le nommait "Philippe" et moi "Auguste".

Il se mit à crier comme un forcené :

— Pour cette crapule-là, jamais, pour ce vaurien, ce repris de justice, ce… ce… ce…

Et il en trouva des noms pour moi, comme s’il n’avait cherché que ça toute sa vie.

J’allais me fâcher, maman me fait taire, et elle lui dit :

— Vous voulez donc qu’il meure de faim, puisque je n’ai rien, moi.

Il répliqua, sans se troubler :

— Rosette, je vous ai donné trente-cinq mille francs par an, depuis trente ans, cela fait plus d’un million. Vous avez vécu par