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imprudent et bavard, et, prenant la bouteille, il emplit de nouveau le verre du jeune homme.

Marguerite apportait la poule au riz. L’ayant posée sur la table, elle fixa de nouveau ses yeux sur le rôdeur, puis elle dit à son maître avec un air indigné :

— Mais regardez qu’il est saoul, monsieur le curé,

— Laisse-nous donc tranquilles, reprit le prêtre, et va-t’en.

Elle sortit en tapant la porte.

Il demanda :

— Qu’est-ce qu’elle disait de moi, votre mère ?

— Mais ce qu’on dit d’ordinaire d’un homme qu’on a lâché ; que vous n’étiez pas commode, embêtant pour une femme, et que vous lui auriez rendu la vie très difficile avec vos idées.

— Souvent elle a dit cela ?

— Oui, quelquefois, avec des subterfuges, pour que je ne comprenne point, mais je devinais tout.

— Et vous, comment vous traitait-on dans cette maison ?

— Moi ? très bien d’abord, et puis très mal