Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

et insaisissable. Elles sont ainsi quelques-unes qui fleurissent uniquement pour nos rêves, parées de tout ce que la civilisation a mis de poésie, de luxe idéal, de coquetterie et de charme esthétique autour de la femme, cette statue de chair qui avive, autant que les fièvres sensuelles, d’immatériels appétits.

L’époux demeurait debout devant elle, stupéfait de cette tardive et obscure découverte, touchant confusément la cause de sa jalousie ancienne, et comprenant mal tout cela.

Il dit enfin :

— Je vous crois. Je sens qu’en ce moment vous ne mentez pas ; et, autrefois en effet, il m’avait toujours semblé que vous mentiez.

Elle lui tendit la main.

— Alors, nous sommes amis ?

Il prit cette main et la baisa, en répondant :

— Nous sommes amis. Merci, Gabrielle.

Puis il sortit, en la regardant toujours, émerveillé qu’elle fût encore si belle, et sentant naître en lui une émotion étrange, plus redoutable peut-être que l’antique et simple amour.