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Un d’eux, Roger de Salins, dit à son compagnon Bernard Grandin :

— Regarde donc la comtesse de Mascaret comme elle est toujours belle.

L’autre, à son tour, lorgna, dans une loge de face, une grande femme qui paraissait encore très jeune, et dont l’éclatante beauté semblait appeler les yeux de tous les coins de la salle. Son teint pâle, aux reflets d’ivoire, lui donnait un air de statue, tandis qu’en ses cheveux noirs comme une nuit, un mince diadème en arc-en-ciel, poudré de diamants, brillait ainsi qu’une voie lactée.

Quand l’œil l’eut regardée quelque temps, Bernard Grandin répondit avec un accent badin, de conviction sincère :

— Je te crois qu’elle est belle !

— Quel âge peut-elle avoir maintenant ?

— Attends. Je vais te dire ça exactement. Je la connais depuis son enfance. Je l’ai vue débuter dans le monde comme jeune fille. Elle a… elle a… trente… trente… trente-six ans.

— Ce n’est pas possible ?

— J’en suis sûr.

— Elle en porte vingt-cinq.

— Et elle a eu sept enfants.