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— Oui, madame la comtesse. M. le comte est dans la salle à manger.

Elle eut, pendant quelques secondes, la pensée de s’armer d’un petit revolver qu’elle avait acheté quelque temps auparavant, en prévision du drame qui se préparait dans son cœur. Mais elle songea que tous les enfants seraient là, et elle ne prit rien, qu’un flacon de sels.

Lorsqu’elle entra dans la salle, son mari, debout près de son siège attendait. Ils échangèrent un léger salut et s’assirent. Alors, les enfants, à leur tour, prirent place. Les trois fils, avec leur précepteur, l’abbé Marin, étaient à la droite de la mère ; les trois filles, avec la gouvernante anglaise, Mlle Smith étaient à gauche. Le dernier enfant, âgé de trois mois, restait seul à la chambre avec sa nourrice.

Les trois filles, toutes blondes, dont l’aînée avait dix ans, vêtues de toilettes bleues ornées de petites dentelles blanches, ressemblaient à d’exquises poupées. La plus jeune n’avait pas trois ans. Toutes, jolies déjà, promettaient de devenir belles comme leur mère.

Les trois fils, deux châtains, et l’aîné, âgé