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Les a-t-elle trompées ? — Non. Et pourtant je suis las d’elle, las à ne pouvoir la toucher, l’effleurer de ma main ou de mes lèvres sans que mon cœur soit soulevé par un dégoût inexprimable, non peut-être le dégoût d’elle mais un dégoût plus haut, plus grand, plus méprisant, le dégoût de l’étreinte amoureuse, si vile, qu’elle est devenue, pour tous les êtres affinés, un acte honteux qu’il faut cacher, dont on ne parle qu’à voix basse, en rougissant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je ne peux plus voir ma femme venir vers moi, m’appelant du sourire, du regard et des bras. Je ne peux plus. J’ai cru jadis que son baiser m’emporterait dans le ciel. Elle fut souffrante, un jour, d’une fièvre passagère, et je sentis dans son haleine le souffle léger, subtil, presque insaisissable des pourritures humaines. Je fus bouleversé !

Oh ! la chair, fumier séduisant et vivant, putréfaction qui marche, qui pense, qui parle, qui regarde et qui sourit, où les nourritures fermentent, et qui est rose, jolie, tentante, trompeuse comme l’âme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pourquoi les fleurs, seules, sentent-elles si