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son nom se trouvait mêlé. On parlait de lui comme d’un homme très séduisant, presque irrésistible. Lorsque j’interrogeais les femmes qui faisaient le plus son éloge, pour savoir d’où lui venait cette puissance, elles répondaient toujours, après avoir quelque temps cherché

— Je ne sais pas… c’est du charme.

Certes, il n’était pas beau. Il n’avait rien des élégances dont nous supposons doués les conquérants de cœurs féminins. Je me demandais, avec intérêt, où était cachée sa séduction. Dans l’esprit ?… On ne m’avait jamais cité ses mots ni même célébré son intelligence… Dans le regard ?… Peut-être… Ou dans la voix ?… La voix de certains êtres a des grâces sensuelles, irrésistibles, la saveur des choses exquises à manger. on a faim de les entendre, et le son de leurs paroles pénètre en nous comme une friandise.

Un ami passait. Je lui demandai :

— Tu connais M. Milial ?

— Oui.

— Présente-nous donc l’un à l’autre.

Une minute plus tard, nous échangions une poignée de main et nous causions entre deux portes. Ce qu’il disait était juste,